L'importance d'un trajet moteur relativement linéaire pour la cadence de nage
- ronanbenoit
- 14 oct.
- 5 min de lecture
Parfois, en natation, malgré toutes les informations que l'on reçoit, que l'on prend notamment avec les vidéos sur YouTube et autre, il faut rester simple. C'est ce que nous allons voir dans cet article sur le trajet moteur sous-marin et son influence sur la cadence.
En natation, il y a eu beaucoup de débats et de recherche à travers les âges sur le trajet optimal sous-marin (modèle de la roue à aubes, modèle de la pagaie ...). Dans les années 80, une théorie sur la nage en S est apparue via l'analyse des images des nageurs. En gros, sur une nage en S, nous faisons des changements de direction de la main pour "conserver" un appui "long" sous l'eau, le plus longtemps possible. L'objectif était de trouver de l'eau "inerte" à chaque changement de direction pour pouvoir s'appuyer dessus. Cela part d'un constat très intéressant, mais il y a eu plusieurs problèmes.
1 - Au départ, ce sont de subtils ajustements de cap, pas de profonds bouleversements. Souvent, le modèle en S (désuet de nos jours) a été mal interprété ou mal exploité. Il ne faut surtout pas faire de grands changements de direction.
2 - Il faut prendre en compte la génération de puissance avec l'accélération progressive de la main, chaque changement de direction change la vitesse de la main, et fais perdre de la puissance (cela est facilement prouvable avec les capteurs de puissance de nos jours).
3 - Et c'est le sujet du jour, si l'appui est long, il se fait au détriment de la cadence de nage, et cette donnée à une importance capitale, notamment pour la nage en mer.
4 - Si le S n'est pas exactement le même à gauche et à droite, il va y avoir un bras plus rapide que l'autre, ce qui va déséquilibrer la nage et empêcher de monter correctement en cadence.
On dit de nos jours qu'il faut nager avec une trajectoire plus rectiligne, c'est le modèle en i (I), même si, dans les faits la trajectoire n'est pas parfaitement rectiligne, mais il faut avoir l'idée de vouloir aller droit. Par contre, une nage en I est plus complexe à mettre en place qu’une nage en S en termes de construction des appuis. Elle nécessite un catch précoce pour limiter les appuis vers le bas, et une très bonne progressivité de la vitesse de la main pour maintenir de bons appuis (vous ne pouvez pas changer de direction pour « recréer un appui »). Cette nage en I n’est pas non plus un bras tout droit de l’avant vers l’arrière, car cela voudrait dire qu’une bonne partie de la propulsion soit orientée vers le bas puis vers le haut.
Pour simplifier les choses, pour un bon appui, il est nécessaire d'avoir les éléments suivants :
Tirer sur le bout de ses doigts vers le fond de la piscine le plus longtemps possible.
Une orientation de la paume de la main vers l’arrière aussi longtemps que possible
Une association main et avant-bras efficace et sous le coude
Une bonne utilisation de la rotation interne de l'épaule
Une bonne posture dans l'eau (roulis, profondeur, position des membres...).
Un mauvais trajet moteur et son influence sur la cadence
Dans l'exemple suivant, nous allons analyser comment des changements de direction de la main dans le trajet moteur peuvent influencer la cadence grâce à des capteurs de puissance. Dans la dernière partie de l'article, je donnerais quelques solutions pour rétablir ou établir un bon trajet moteur.


Ce qu'il faut savoir tout d'abord, d'un point de vue anatomique et physiologique, c'est que la cadence de nage dépend de la taille, ou plutôt de l'envergure d'un nageur/euse.
Un nageur de 1 m 90 aura plus de difficulté à avoir une grosse cadence de nage qu'un nageur de 1 m 70, pour une raison toute simple. Un nageur de 1 m 90 a plus de distance à parcourir sous l'eau qu'un nageur de 1 m 70. La conséquence est qu'un nageur de 1 m 90 aura une distance par coup de bras toujours supérieur à celui de 1 m 70 (mais ça, c'est une autre histoire). La nage « bras tendus » que l’on voit maintenant dans toutes les épreuves de sprint a été développée par un petit nageur (environ 1,80 m) afin d’augmenter la cadence des bras et d’espérer rattraper les nageurs de grande taille.
Si un nageur de grande taille a en plus une trajectoire sous-marine non uniforme avec des changements de direction, son bras va passer beaucoup de temps sous l'eau, ce qui rend une augmentation de cadence illusoire. Et en plus, si ce trajet n'est pas similaire à gauche et à droite, cela va entraîner, en plus d'un déséquilibre, une difficulté de coordination entre le bras gauche et le bras droit. Sur le cas présent, le nageur fera plus de coups de bras d'un côté que de l'autre sur une durée totale (un bras sera plus rapide que l'autre).
Pour augmenter la cadence de nage, il faudra donc chercher à uniformiser le trajet sous-marin à gauche et à droite pour ne pas créer de décalage.
L'augmentation de la cadence de nage permet également d'augmenter la vitesse générale de nage (en plus d'êtres très utiles en mer, mais ça c'est un autre sujet). Par exemple, un nageur qui a une puissance propulsive de 50 % par bras et qui nage à 50 coups de bras par minute. Si ce même nageur garde la même puissance propulsive par bras, mais passe à 52 coups de bras par minute, il ira plus vite. Le truc c'est qu'il faut pouvoir augmenter la cadence de nage sans perdre en puissance propulsive, il est donc vital d'utiliser une augmentation progressive de la cadence de nage (avec un tempo trainer par exemple) pour ne pas changer trop le mouvement sous-marin. Il est vital, pour monter plus fortement en cadence ensuite, d'éliminer tous les mouvements et changements de direction de la main sous l'eau qui ralentissent (en plus de faire perd de la puissance) pour équilibrer le bras gauche et le bras droit.
Le travail postural
Pour avoir un mouvement uniforme à gauche et à droite, il faut déjà rentrer la main dans l'eau au même endroit à gauche et à droite, et sortir la main de l'eau au même endroit à gauche et à droite. Quand je dis « même endroit », je veux dire le même point en face de l’épaule gauche pour le bras gauche et de la hanche gauche pour la sortie, et vice versa. Il ne s’agit pas de se croiser lors de l’entrée ou de la sortie de l’eau.
Pour réussir à faire cela, tout un travail postural est à réaliser avec des exercices spécifiques.
Battement costal avec une respiration à gauche et à droite pour avoir la bonne posture dans l'eau (profondeur bras avant - alignement - position des hanches...)
Travail sur le roulis - crawl à 1 bras
Travail au tuba (6 battements - 1 changement)
Travail de déséquilibration
Travail de posture
Si vous avez une bonne posture dans l'eau, vous pourrez avoir un bon alignement, ce qui vous permettra d'avoir un mouvement sous l'eau équilibré à droite et à gauche, gage d'une augmentation de cadence sans perte de puissance.
Les plaquettes ISO de Finis
Au niveau matériel, les plaquettes ISO de Finis sont exceptionnelles pour éliminer des mouvements parasites. Elles permettent, grâce à leur conception avec une surface plus importante à l'intérieur ou à l'extérieur de la main (suivant ce que l'on veut travailler) de corriger les godilles externes ou internes pendant les phases d'appuis sous-marins.
Par exemple, si tu sais que tu as un appui qui part vers l'extérieur, tu mets tes plaquettes avec la godille vers l" intérieure, ce qui va te forcer à appuyer vers l'intérieur et inversement.
Deuxième atout, ces plaquettes vont te forcer à maintenir ton appui durant toute la durée de la phase sous-marine, sinon la plaquette va vibrer et tu vas sentir une perte de puissance.
En conclusion, garde les choses simples sur tes appuis, et surtout essaye d'avoir les mêmes à gauche et à droite pour pouvoir ensuite augmenter la cadence de nage.
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