Comment préparer votre enfant à la natation scolaire ?
- ronanbenoit
- il y a 4 jours
- 7 min de lecture
Dans cette première partie de la série sur "comment préparer votre enfant à la natation scolaire", nous allons nous intéresser sur la toute première chose que l'on demande à un enfant en natation scolaire, l'immersion.
L'immersion, pourquoi c'est important
L'immersion est très importante dans l'apprentissage de l'aisance aquatique, et plus tard dans l'apprentissage de la natation à proprement parler, car elle permet une chose essentielle : l'apprentissage de la flottaison.
En effet, sans immersion, il est impossible de flotter sur le ventre sans bouger, que l'on tente une étoile de mer, une fusée, ou toute autre manœuvre. Sans immersion, il est également impossible de ressentir son corps remonté, et prendre confiance dans la capacité de flottaison de son corps.
Sans compréhension de la flottaison de son corps, il est très difficile d'être détendu dans l'eau et donc d'apprendre à nager sans paniquer.
Il est néanmoins possible de se déplacer dans l'eau sans mettre la tête dans l'eau. On peut penser à la "brasse" tête hors de l'eau, ou le petit chien tête hors de l'eau, par exemple. Cependant, la "nage" est plus souvent en mode survie - arriver le plus vite au mur "pour se sauver" qu'une nage en harmonie avec l'eau. Beaucoup de personnes ayant appris dans ce mode survie ont développé des peurs en haute profondeur, une peur de nager sur le dos, une peur du monde dans l'eau (et des vagues créent par le déplacement du monde dans l'eau).
Pour bien apprendre à nager, il faut comprendre d'abord le milieu aquatique (avant de chercher à se déplacer dedans). Et l'immersion est la première étape.

L'immersion, les différentes étapes
S'immerger ne veut pas dire obligatoirement mettre la tête sous l'eau, du moins au début. S'immerger, cela veut dire accepter de mettre son corps dans l'élément liquide.
On peut commencer par les pieds, les mains, le ventre... jusqu'aux épaules. Puis viendront la bouche, le nez, les yeux, les oreilles, les cheveux. Ce qui est important, c'est de respecter une progressivité sans brûler les étapes.
Ces immersions peuvent se faire en petite profondeur, en grande profondeur, le long du mur... La chose la plus importante à avoir en tête est la suivante :
Chaque nouvelle situation entraîne un temps d'adaptation et un nouvel équilibre. De plus, le fait d'inspirer ou non de l'eau est surtout lié à une mauvaise gestion bouche, nez lié à une panique. Il est donc primordial de ne pas mêler différentes situations nouvelles anxiogènes. On ne peut se concentrer que sur une seule chose à la fois, vouloir faire plusieurs choses à la fois est la meilleure route pour aller à l'échec.
Par exemple : si votre enfant ne met pas la tête dans l'eau. Vouloir essayer de lui faire mettre la tête sous l'eau dans le grand bain sera beaucoup plus déstabilisant pour lui que dans le petit bain. Sachant que le fait d'inspirer de l'eau ou non est lié principalement au stress, le mettre dans un environnement qu'il maîtrise ou il se sent bien sera bien plus indiqué pour lui que de le mettre dans un environnement stressant.
Exemple du plus difficile au plus facile :
Situation 1 : mettre la tête sous l'eau sans se tenir au bord et dans le grand bain et en situation de déplacement loin du mur.
Situation 2 : même chose, mais proche du mur
Situation 3 : même chose, mais avec un appui au mur
Situation 4 : même chose, mais avec deux appuis au mur
Situation 5 : même chose, mais avec 4 appuis au mur (mains et pieds)
Situation 6 : même chose, mais dans le petit bain
Situation 7 : même chose, mais en réduisant la profondeur progressivement
Situation 8 : même chose, mais sur les marches
Situation 9 : même chose, mais dans la pateaugoire
Situation 10 : même chose, mais dans son bain à la maison
L’objectif reste identique : plonger la tête sous l’eau et s’y immerger totalement. Cependant, les contextes sont nettement distincts. Le point clé est d'ajouter un petit élément de difficulté ou de facilité à chaque fois, et non tout ajouté en même temps. Nous allons voir dans la partie suivante quelques astuces pour pouvoir nous immerger totalement.

Comment travailler l'immersion avec votre enfant avant les séances de natation scolaires ou entre les séances de natation scolaire
Pour s'immerger totalement ou même partiellement, le plus important c'est de prendre confiance dans l'eau et de comprendre l'eau.
La mise en confiance de votre enfant se fait grâce à son adulte qui l'accompagne dans l'eau, le tient par la main... Si l'enfant se sent en sécurité avec vous, il sera à même d'essayer des choses nouvelles. Et s'immerger progressivement est une chose très très nouvelle pour lui.
1 - Commencer dans le petit bain, dans la pateaugoire, dans tout environnement où votre enfant se sent bien (demandez-lui où il se sent bien)
2 - Accompagnez-le physiquement et verbalement en le rassurant
3 - Incitez-le à s'immerger progressivement en lui montrant que c'est fun sur vous
4 - Rassurez-le en cas d'échec et trouvez des solutions alternatives
5 - Souriez, c'est le plus important. L'eau est un plaisir.
6 - Subdivisez la tâche finale que vous souhaitez obtenir avec votre enfant en des micros-tâches très progressive
Petites astuces :
Usage du masque Easy Breath de Décathlon
Le masque Easy Breath de Décathlon permet de mettre la tête sous l'eau sans avoir de contact physique de l'eau sur le visage, le nez, les yeux et la bouche. Il permet de respirer sous l'eau comme sur terre (tant que le tuba est hors de l'eau). Cela permet de mettre la tête (enfin le masque sous l'eau assez rapidement et sans effort particulier). L'objectif de départ est simple : voir le monde sous-marin, comprendre que mettre la tête sous l'eau, c'est fun, que c'est un monde particulier, mais pas hostile. On peut également facilement développer la flottaison ventrale et les premiers déplacements sur le ventre en petite et grande profondeur. Le masque est particulièrement efficace pour apprendre la flottaison verticale (debout dans l'eau) dans le grand bain.
Le plus important est d'inciter à respirer lentement et calmement pour prendre confiance dans l'eau et faire disparaître ses peurs progressivement. Vous pouvez même en tant qu'adulte prendre un masque pour vous et parlez à votre enfant sous l'eau pour le rassurer et échanger avec lui. S'il peut parler, c'est qu'il oublie progressivement ses peurs.
Attention au passage sans masque Easy Breath, je conseille particulièrement de passer avec un masque de plongée classique pour isoler le nez et se concentrer sur la fermeture de la bouche avant de passer aux lunettes.

Pour un passage sans difficulté d'un masque Easy Breath à un masque de plongée ou à des lunettes de piscine, il faut valoriser tout ce que votre enfant à fait avec le masque Easy Breath, lui expliquer qu'il a tout fait sans matériel flottant, et donc qu'il flotte tout seul quand il met et laisse la tête dans l'eau. Le plus important est de lui donner de la confiance en lui expliquant que, désormais mettre la tête sous l'eau en fermant la bouche (et le nez) quelques secondes, ce n'est pas grand-chose par rapport à ce qu'il a déjà effectué avec le masque. La confiance étant essentielle pour l'immersion de la tête sous l'eau, faire le plein de confiance avec le masque Easy Breath est une voie agréable.
Je fais régulièrement traverser le grand bain sans assistance des enfants avec un masque Easy Breath en les faisant se déplacer sur le ventre en battement de jambes par exemple et sans matériel flottant. Une fois qu'ils ont fait ça, retourner dans le petit bain et mettre la tête sous l'eau avec des lunettes ou un masque de plongée leur paraît tellement facile que le taux de réussite est très très élevé.
Attention, il ne faut JAMAIS mettre la tête sous l'eau à un enfant en le forçant. L'immersion doit toujours venir de lui et jamais d'un autre.
Usage d'un masque de plongée ou d'un pince-nez
Le masque de plongée, à la différence d'un masque Easy Breath, ne permet pas de respirer sous l'eau. Il protège le nez de l'eau, rendant la tête de retenir son souffle sous l'eau plus simple. Il suffit de se concentrer sur la fermeture de la bouche (d'abord comme un poisson rouge en gonflant les joues), puis en fermant la bouche de façon détendue. Si votre enfant n'arrive pas à garder le masque sur le visage même hors de l'eau, son inspiration est nasale. Il faut alors l'inciter à garder son masque hors de l'eau, même hors de la piscine, par exemple, en inspirant par la bouche et expirant par la bouche. Une petite astuce est de lui faire faire une autre tâche pour rendre l'inspiration par la bouche automatique : parler, marcher ...
Une fois que le masque est accepté, votre enfant peut mettre la tête sous l'eau, se déplacer... Le port d’un masque présente un avantage pour les enfants : leurs mains sont libres et ils ne se concentrent pas sur le fait de se couvrir le nez avec leurs doigts. Il est donc libre de se détendre. C'est cette détente et expérience positive qui lui permettra ensuite progressivement de se concentrer ensuite sur le nez.
Pour rappel, on ne se concentre que sur un élément à la fois : l'immersion, la bouche, le nez...
Quand votre enfant se sent bien à l'aise avec le masque, vous pouvez l'inciter à essayer avec des lunettes dans un environnement où il se sent bien et recommencer les étapes déjà faites avec le masque de plongée.
Usage d'un miroir
Un miroir est un excellent outil, car il permet de dédramatiser les choses sous l'eau. Votre enfant se voit sous l'eau et voit que tout est ok, il prend confiance en enlevant des images négatives de sa tête.

Vous pouvez avec un miroir :
• Apprendre à souffler par le nez, en regardant faire des bulles par le nez
• Apprendre à ouvrir la bouche sous l'eau sans avaler l'eau (inspirer)
• Apprendre à détourner l'attention de votre enfant - le miroir attire le regard et votre enfant se concentrera sur le miroir au lieu de ses peurs.
• Et bien d'autres choses.
Usage de brassards, de gilets de sauvetage ou de natation
Toujours dans la logique de se sentir bien. Il est tout à fait possible de mettre des brassards ou un gilet de natation à un enfant pour apprendre à s'immerger et mettre la tête dans l'eau. Le plus important est qu'il se sente en sécurité pour essayer de nouvelles choses. Des méthodes ont été inventées via l'usage de brassards.
Il m'est arrivé de mettre un gilet de sauvetage à un enfant et un masque Easy Breath pour que l'enfant se sente en super sécurité (il ne passait pas le pédiluve tellement il avait peur de l'eau). Et cet enfant, une fois acquise l'immersion de la tête avec le masque et le gilet, s'est mis à se déplacer d'abord avec moi, puis en autonomie. Il a depuis enlevé son gilet et se déplace en autonomie sans masque Easy Breath.
Le plus important est de respecter et d'écouter les demandes de l'enfant et de ne pas chercher à imposer, mais plutôt à proposer. Il n'y a pas un seul chemin qui existe, mais de multiples chemins. Le plus important est que l'enfant prenne plaisir. Seul le plaisir de l'eau permet de contrebalancer la peur de l'eau.

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